Un garçon d'étage introduit dans un salon style Second Empire un homme, Garcin, qui manifeste son étonnement
devant l'absence d'instruments de torture qu'il s'attendait à trouver. Il vient en effet d'arriver en enfer. Voulant
regarder la situation en face, il découvre qu'il est dorénavant privé de paupières et donc condamné à une vie sans
coupure où jour et nuit se confondent (scène 1)
Après un moment de deséspoir né de sa solitude angoissée (scène 2), Garcin voit entrer une jeune femme qui le
prend pour le bourreau et se présente sous le nom d'Inès (sceène 3)
Arrive alors une autre femme, jeune et jolie, Estelle, qui semble très préoccupée de respecter le code social et les mondanités (scène 4)
Les trois personnages restés seuls font plus ample connaissance. Ils s'interrogent sur les raisons de leur réunion,
alors qu'ils sont étrangers les uns aux autres. Qu'y a-t-il de commun entre Garcin le journaliste, Inès l'employée des Postes et Estelle, la mondaine ? C'est Inès, la première, qui pousse ses compagnons à révéler la faute qui les a
amenés en enfer. Elle leur révèle son intuition : "le bourreau, c'est chacun de nous pour les deux autres." Garcin
cherche alors à se réfugier dans le silence, tandis qu'Inès tente de séduire Estelle qui lui préfère Garcin. Chacun,
devant le regard des autres, va devoir avouer qui il est véritablement. Garcin, le journaliste pacifiste, est un lâche,
fusillé pour désertion ; Inès est une lesbienne ; Estelle une infanticide monstrueuse. Face au regard de l'autre,
chacun est coupable. Aucun couple ne peut se former : ni celui de Garcin et d'Estelle, ni celui d'Estelle et d'Inès.
Garcin choisit d'être engloutit dans les tourments physiques de l'enfer. Mais lorsque la porte s'ouvre, il recule et
refuse de s'en aller, tout comme ses compagnies, effrayées par cette perspective inconnue qui s'offre à elles. Tous
trois vont rester seuls à jamais, dans cette déchirante prise de conscience : "L'enfer, c'est les autres". Il reste donc à vivre cette éternité que résume la dérisoire et terrible réplique finale : "Eh bien, continuons" (scène 5).
Voir Michel Maillard, « Sartre », collection Balises, Nathan, 1994, pp. 72-73. |
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