La saleté, c'est le sang, c'est la merde. C'est aussi tout le corps. Il est évident que Hugo, référence privilégiée,
n'acceptera pas de se tremper les mains dans n'importe quoi et lorsque ces bêtes brutes de Slick et Gegorges
ramènent l'engagement politique à des fonctions trivialement nutritives, nous assistons, de sa part, aux réactions
les plus vives ... et pas seulement à cause des origines bourgeoises auxquelles renvoient les souvenirs d'enfance
de Hugo : si ce dernier se livre, avec une impudeur qui lui sied mal tant elle est forcée, à l'évocation de la mère
gavant son rejeton de bouillies, d'huile de foie de morue et de sang frais, c'est qu'il est violemment choqué par le
regard des autres sur son corps réduit à une réalité organique, indépassable et qui, comme ses ascendances, le prive de sa capacité d'action.
Quant aux provocations sexuelles de Jessica, elles sont bien chastes. Si Hoederer périt par la femme, s'il y a dans
la pièce un thème de la sensualité, il est fort pauvrement traité. Décidément, les Mains sales est bien un débat
d'idées où les personnages manquent de corps ...
Voir Françoise Bagot et Michel Kail, Jean-Paul Sartre Les Mains sales, PUF, 1992, pp. 74-75.
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